La seigneurie de Kermarquer

Le lieu-dit Kermarquer à Caouënnec est situé à la frontière de cette paroisse avec sa voisine Lanvézéac ; la limite entre les deux paroisses est matérialisée par le ruisseau de Kermarquer.

Ce ruisseau semble prendre sa source à Ty Placen près de Kerlosquant1.

Les auteurs de livres sur la toponymie traduisent les noms de lieux-dits Kermarquer en La Ville-Chevalier

2 , Kermarec en La Ville-Chevalier3 , Kermarc en La Ville de Marc4 et Kermarch en La Ville du cheval5. Une analyse cartographique de la position de ces lieux-dits dans les anciennes paroisses montre que la plupart de ces lieux dits se trouvent à la frontière de leur paroisse avec une voisine et conduit à proposer une autre alternative, à savoir « La Ville aux Marches »6.

La seigneurie de Kermarquer détient un pouvoir de basse et moyenne justice seigneuriale, autrement dit elle est juridiction dès 14767; ses plaids généraux se tiennent alors à la Roche-Derrien en l’auditoire (dite la Maison Rouge sur la place) pour les Archives départementales ou sous le porche de l’hôpital de La-Roche-Derrien pour Y.Botrel8.

« Hommage et plaids généraux de la juridiction de Kermarquer-Kernechriou tenus en l’auditoire de la-Roche-Derrien9 ».

  1. La succession des seigneurs de Kermarquer:
  • Un Rolland de Kernechriou réside à Cavan et à Lanvézéac en 142610; il s’agit probablement de Rolland, décédé en 1454, père de Raoul qui suit ; alors ce Rolland est probablement le seigneur de Kermarquer à cette époque.
  • Raoul de Kernechriou, décédé après 1524, marié à Marguerite (alias Catherine) de Tournemine, est seigneur de Kermarquer en 148411 12; ce même Raoul est probablement le seigneur de Kernechriou et de Portzsabat en Pleudaniel13. Son épouse hérite de la moitié de la seigneurie de Barach en Louannec en 1524 et Raoul achète l’autre moitié à la dame de la Claretière sœur jumelle de sa femme14.
  • Rolland (alias Jean15 de Kernechriou, fils des précédents, marié en 1505 à Jeanne Taillard, est seigneur de Kermarquer en 1535.
  • Charles de Kernechriou, fils des précédents, marié en 1558 à Françoise Le Lagadec, est probablement seigneur de Kermarquer, mais non prouvé.
  • Au XVI e siècle Françoise de Kernechriou, fille des précédents, épouse en 1573 de Jean de Sclisson (alias Clisson), est héritière de Kermarquer16 en 1583.

NB : Louise, la sœur de Françoise, est mariée à Maudet de Larmor, sieur de Tréveznou-Kerlastre en Langoat17.

  • Claude, seigneur de Keralio en Plouguiel, fils de Jean de Sclisson et Françoise de Kernechriou, marié à Bonaventure de Rosmadec, est seigneur de Kermarquer de 1602 à 1610.

NB : Y.Botrel écrit : « Louis de Clisson, sieur de Keralio et Lézernant, vend Kermarquer à Pierre Larmor en 1610 ».Ce Louis n’est pas connu et le seigneur de Keralio et Lézernant est alors Claude de Clisson, comme attesté ci-après.

« Vente de la terre de Kermarquer située en Caouënnec et autres paroisses, par Claude de Clisson à Pierre de Larmor pour 4,100 livres (lire 4100 livres) 18».

  • Pierre de Larmor cède Kermarquer à sa sœur, comme attesté ci-après.

« Transaction sur partage, du 12 mars 1614, par laquelle Pierre de Larmor, sieur de Kerivallan (alias Kerivoalan en Servel), cède à sa sœur, Renée de Larmor, épouse de Rolland de Coitéloury, « le lieu et manoir de Kermarquer, sittué en la treuffve de Cauhennec, avecques le colombier, fieff, jurisdiction, préminences d’église, convenantz et terres en entier19»20.

Les seigneurs de Kermarquer deviennent dès lors les mêmes que de Coetloury.

2. Les biens de la seigneurie de Kermarquer 21:

 

Seigneurie de Kermarquer : Prééminences d’église : « en 1484, accord entre les tréviens de Couhoannec et Raoul de Kernechriou, au sujet des droits prohibitifs prétendus par ce dernier dans la chapelle Saint-Sébastien de l’église tréviale ».

Fief. Paroisse de Cavan : aveux concernant une maison au bourg de Cavan, les convenants Louarn, Lan Cavan, Canada-Bihan, Parc-Meur, Crech-an-Stang ou Kerjagu, Parc-an-Hattorou et Goudigan..

Paroisse de Prat : en 1646, aveu par René du Kerbihan, sieur du Pouilladou, pour le lieu noble de Kermalouan.

En 1614, la description de la seigneurie de Kermarquer est : « Le lieu et manoir de Kermarquer, situé en la treuffve de Cauhennec, avecques le colombier, fieff, jusrisdiction, préminences d’église, convenantz et terres en entier »22 .

Des biens issus de la seigneurie de Kermarquer sont décrits entre 1777 et 1790, dans un rentier commun aux seigneuries de Coatloury, de Kermarquer, de Landébédan, de Runaudren et du Quéllenec23 ; dans ce carton le tri des convenants, champs, …par seigneurie d’origine reste à faire.

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D’autres biens (ou peut-être les mêmes) issus de la seigneurie de Kermarquer sont décrits, entre 1779 et 1790, dans un carton d’archives commun à la seigneurie de Kermarquer et de Runaudren24 :

« Chefrentier de Kermarquer, dans les paroisses de Cavan, de Caouënnec (trève), de Prat, de Lanvézéac et de Buhulien, sous la seigneurie de Guingamp » ; dans ce carton aussi le tri des convenants, champs, …par seigneurie d’origine reste à faire.

Pour aller plus loin dans la description, il faudrait analyser les noms des parcelles à l’époque dans les matrices cadastrales, pour rechercher celles qui évoquent chapelle, moulin, colombier, four, patibulaire (justis) qui sont les attributs de toute seigneurie importante.

 

1 Cadastre 1826 de Caouënnec et 1835 de Lanvézéac

2 F.Falc’hun avec la collaboration de B.Tanguy « Les noms de lieux celtiques » vers 1979, 3ème série, p40 ; JM Plonéis « La toponymie celtique, L’origine des noms de lieux en Bretagne » 1989 p67.

3 E.Ernault « Glossaire de Moyen Breton » 1895, réédition 1976 p393 ; F.Falc’hun avec la collaboration de B.Tanguy « Les noms de lieux celtiques » vers 1979, 3ème série, p40 ; F.Gourvil « Noms de Famille bretons d’origine toponymique » 1965, réédition 1993 p138 n°1056 ; JM.Plonéis « La toponymie celtique, L’origine des noms de lieux en Bretagne » 1989 p67 ; JM.Plonéis « La toponymie celtique, L’origine des noms de lieux en Bretagne, La flore et la faune  » 1993 p130 à 132 ; JM.Plonéis « L’identité bretonne, L’origine des noms de personnes », 1996 p108 ; A.Deshayes « Dictionnaire des noms de lieux bretons », 1999, p380.

4 F.Gourvil « Noms de Famille bretons d’origine toponymique » 1996, réédition 1993 p138 n°1054

5 A.Deshayes « Dictionnaire des noms de lieux bretons », 1999, p379

6 Contribution de l’auteur dans le forum NoblesseBretonne de Tudchentil

7 AD22 E2162

8 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p146

9 AD22 B564

10 H.Torchet « Réformation des Fouages évêché de Tréguier 1426 » 2003 p206

11 AD22 E2165

12 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p147

13 AD22 E929.

14 L.Dubreuil AnBr 1958 p334.

15 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p147

16 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p147

17 R.Le Martret (Manuscrit de Keroulas)

18 AD22 E1171

19 AD22 E2162

20 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p147

21 AD22 E2165

22 AD22 E2162

23 AD22 E2163

24 AD22 E2164