La seigneurie de Coëtloury


    Le lieu-dit Coatiloury IGN1 ou Coat-Eloury INSEE2 est situé sur la route de Caouënnec à Lanvézéac, sur le flanc Est d’une crête nommée Le Castel qui domine à 100m d’altitude ; le manoir initial des Coëtloury se trouvait à 95m d’altitude près de la source d’un ruisseau qui s’écoule vers le nord dans une vallée verdoyante et alimentait les deux moulins de la seigneurie avant d’atteindre la rivière du Guindy.

    Une famille noble portait le nom du lieu; son patronyme prend diverses formes au cours de siècles :

Coathéloury en 15153, Quoictheloury en 15654, Coatiloury en 16145, Coitéloury en 1614, 1677 et 17376, Coateloury en 1618 et 16387, Coëthéloury en 16678 et en 17059 10, Coëtloury en1668 11 12 et 168113, Coetlouri en 171414 ; le texte ci-dessous, en dehors des citations rapportées entre guillemets, utilise la forme Coëtloury.

    Existe-t-il un lien entre ces Coëthéloury et la famille Héloury, patronyme de saint Yves ?

    Nous verrons ci-dessous que la seigneurie de Coëtloury possède Keralic en Ploelantréguier en 1587 et Prat-an-Roux en Penvenan; mais nous n’avons pas rencontré de lien entre ces deux familles.

    Laurent Rolland porte le titre « sieur de Coatloury »15 vers 1593 mais il s’agit probablement de Kerloury en Plounez.

    Les Coëtloury étaient nobles et seigneurs, mais cette seigneurie ne semble pas avoir possédé une justice seigneuriale attachée à ce lieu-dit ou patronyme16; par contre plus tard, la seigneurie de Coëtloury absorbe les seigneuries de Kermarquer en 1614 puis de Runaudren en 1673, lesquelles possèdent une juridiction basse et moyenne17 mais le nouveau propriétaire n’exerce pas ces droits.

  1. La succession des seigneurs de Coëtloury :

    La généalogie de la famille est donnée par un manuscrit du Cabinet Hozier « Preuves de la Noblesse de Marc Antoine de Coetlouri présenté en 1714 pour être reçu Page du Roi dans la Petite Ecurie »; ces preuves, rédigée en avril 1714, démontrent que tous les ascendants de Marc-Antoine étaient nobles jusqu’au 8ème degré (8 générations de ses ascendants).

    Voici la succession des seigneurs de Coëtloury par siècle :

Au XVe siècle :

  • Yvon de Coëtloury, surnommé Libouron, marié à Jeanne Pasquiou18.
    Potier de Courcy cite « Libouron, sieur de Coëthéloury, paroisse de Cavan, attesté à la Réformation de 1427 dans les paroisse de Cavan et de Pédernec19».
    Yvon Liboron est attesté en 1426 dans les nobles de la paroisse se Cavan (dont la trève de Caouënnec)20.

  • Olivier de Coëtloury, fils des précédents, marié à Maguerite Le Mignot21 22, seigneur de Coëtloury entre 1459 et 1481, date où Olivier parait à la Monstre dans la châtellenie de Guingamp23 24.

  • Jean de Coëtloury, fils des précédents, attesté seigneur de Coëtloury en 1480 et 1495, décédé après le 1 novembre 1500, marié à Constance Robert décédée avant le 24 janvier 148025.

Au XVIe siècle :

  • Hervé de Coëtloury, fils des précédents, marié vers 1515 à Ysabeau Regnard puis à Louise de Kergrist; Hervé de Coëtloury, attesté seigneur de Coëtloury en 151326, 1515, 1535, fait aveu à la seigneurie de Guingamp en 1556 pour les biens dont il a hérité de son père et ceux acquis, avant cette date, de Philippe de Kernevenoi, alors vivant et sr de Kernevenoi (donc de Coatanlan-Kerjanégan)27.

  • Jean de Coëtloury, fils des précédents, marié le 2 octobre 1536 à Béatrice de Goasgueller, attesté seigneur de Coëtloury en 1560, 1565 et 1574. En 1555 le suzerain de Coëtloury est toujours la seigneurie de Guingamp.

  • Guillaume de Coëtloury, fils des précédents, marié le 7 janvier 1559 à Louise Ruffault, seigneur de Coëtloury et de Landebedan en Penvenan, partage noblement les biens avec sa sœur le 16 novembre 1578, noblement implique selon l’Assise du Comte Geffrroi, à savoir 2/3 pour Guillaume (l’ainé) et 1/3 pour Catherine. Le 2 octobre 1581 les enfants de Guillaume sont mis, par la seigneurie du Pré (de Brélévenez) son suzerain, sous tutelle de leur mère qui rend aveu le 20 mars 1583 pour le lieu et manoir de Coetlouri à Demoiselle Jeanne de La Palue, dame de Lanros, de Lestrimeur, de Kerbastard, du Vergier et du Pré28 .

 

Au XVIIe siècle :

  • Roland de Coëtloury, fils des précédents, décédé avant 1622, seigneur de Coëtloury, de Landebedan et de Kerallic (Keralic INSEE) en Minihy-Tréguier en 1587, de Kermarquer en Caouënnec en 1614 et de Pratanroux en Penvenan en 1618, marié le 4 février 1587 à Renée de Larmor29 qui lui apporte la seigneurie de Kermarquer dont elle hérite en 161430. Le 9 avril 1622 leurs enfants mineurs (âgés de moins de 24 ans) sont placés sous la tutelle de leur mère par le sénéchal des Courts (sic) et Chatellenies de Barach (de Louannec) et du Pré31.

    « Sentence de réception d'aveux, juridiction de Lannion, Morlaix et Tréguier : damoiselle Renée de Larmor, veuve de Roland Coatiloury32 ».

  • Claude Coëtloury, fils des précédents, seigneur de Coëtloury et de Kermarquer33, de Kerallic et de Pratanroux en Penvenan dès 163834, de Landebedan en 1643, de Runaudren en 167335, marié le 8 aout 1643 à Marie de Lanloup36. Claude de Coëtloury est déclaré noble et issu d’ancienne extraction lors de la Réformation le 17 décembre 166837; il est attesté encore en 167238.


    « Sentence de réception d'aveux, juridiction de Lannion, Morlaix et Tréguier: Claude de Coëtloury, seigneur dudit lieu 39» (entre 1626 et 1640).

  • L’un des fils de Claude de Coëtloury, né le 4 avril 1658, se prénomme Saturnin comme le patron de la chapelle privée du manoir de Coëtloury dite Saint-Saturnin.

  • Yves de Coëtloury, fils ainé de Claude, seigneur de Coëtloury, de Kermarquer40, de Landebedan (en Penvenan), de Rumaudren (alias Runaudren en Caouënnec)41 de 1677 à 1695, marié le 2 décembre 1679 à Marie-Jeanne de Laage.

    « Minu par Yves de Coëtloury après le décès de messire Claude, son père42».

    « Mouvance de la prévoté du Pré: aveu et minu fournis par Yves de Coitéloury, fils de Claude en 1677, dont les dépendances relèvent en partie des seigneuries de Guingamp et des Régaires de Tréguier43».

La seigneurie de Coëtloury est à son apogée; au siècle suivant deux drames vont l’affaiblir considérablement.

Au XVIIIe siècle :

  • Jacques, fils ainé des précédents noyé à Perros-Guirec le 3 mars 170444.

    Le lundi 3 mars 1704, la barque de François Denis, recteur du Trevou, sieur de La Ville Blanche, bateau fabriqué huit jours avant, coule dans la rade de Perros-Guirec et provoque la noyade de deux matelots, de Jacques de Coëtloury, ainé des seigneurs du lieu-dit en Caouënnec45 et de quatre frères Hingant et de leur beau frère de La Noe, tous les cinq des nobles de Lanvézéac46.

    Une note (non datée) en marge du registre des sépultures de Perros-Guirec, où sont enterrés les deux matelots (Bertrand Guelaen et …..) relate ces faits et précise la possibilité d’avoir recours aux registres de sépultures de Caouënnec et de Lanvézéac et « au greffe de l’Amirauté à présent à Morlaix ».

    A noter que le registre des baptêmes, mariages et sépultures de Caouënnec pour cette année 1704 manque dans les Archives des Côtes d’Armor et que le procès fait par l’Amirauté (de Lannion) à Perros-Guirec manque aussi pour l’année 1704 aux Archives de l’Amirauté de Morlaix regroupées dans l’annexe des Archives départementales du Finistère à Brest.

    Dom Maudez René Le Cozannet, prêtre mort en odeur de sainteté en 1720, dont le gisant est très visible dans le cimetière de Quemperven, exerçait alors comme vicaire à Caouënnec, mais était curieusement absent aux funérailles de Jacques Coatéloury; son absence peut s’expliquer par le fait que sa fonction est d’abord d’animer (de prêcher) Carêmes et Missions en divers lieux :

    « A Caouënnec, où il est en résidence depuis plusieurs années, se fait le 6 mars 1704, l’enterrement du seigneur de l’endroit, messire Jacques de Coatéloury, noyé avec toute sa famille dans la baie de Perros. Tout le clergé de Cavan et de Caouënnec prend part à ces solennelles funérailles : la présence de M.Le Cozannet n’est pas signalée…

     Le 6 du mois de mars 1704, Dom Maudez se trouvait encore absent de Caouënnec, lors des funérailles de M. de Coatéloury qui attirèrent un concours de peuple extraordinaire. Il dut être douloureusement impressionné quand il apprit le malheur qui venait d’atteindre ce charitable bienfaiteur et toute sa sympathique famille. A ces funérailles avaient assisté au milieu de la foule consternée des tréviens, des représentants de toute la noblesse de la région : les Kerjégu (probablement les Jascob de Kerjanegan), les Troguindy (probablement de Tonquédec), les Lézormel (de Kerlosquant ?), les Du Halgoet, etc47».

    Ces précisions prouvent que FM Henry a eu accès au registre des BMS de 1704 de Caouënnec.

    Marc Antoine de Coëtloury, né le 30 octobre 1696, fils de Yves et Marie-Jeanne de Laage, devient Page du Roi dans la Petite écurie en 171448.

  • Pierre de Coëtloury, fils cadet, est dit seigneur de Kermarquer, décédé en 1720 et époux de Marie-Jeanne de La Noe49.

    En 1707, Pierre de Coëtloury, le frère de Jacques de Coëtloury noyé, tue le capitaine Jean Le Roux de Porslan (lieu-dit de Ploubezre) à Saint-Gildas en Tonquédec50; il est permis de se demander si ce Le Roux n’était pas le capitaine garde côtes d’une expédition en mer mal engagée cause du naufrage51.

    Le meurtre est jugé en 1710 et Marie-Jeanne de Laage, dame de Coatiloury , est condamnée à payer 6300 livres à la famille de la victime52 53.

  • Marie-Jeanne de La Noe, est douairière de Coëtloury probablement de 1720 à 1737.

  • Marie-Yvonne de Coëtloury, filles des précédents, héritière en 1737 de Coëtloury, de Kermarquer et de Runaudren54, décédée après 176155, mariée le 10 décembre 1737 à Pluvigner à Mathurin de Rosily puis le 26 aout 1766 à Rennes à Eugène de Brilhac.

    « Mouvance de la prévoté du Pré : aveux et minus fournis par Marie-Yvonne de Coitéloury, fille de Pierre en 1737, par Mathurin de Rosily, au nom de la précédente, en 1761, les dits actes mentionnant les manoirs de Coëtloury, de Kermarquer et de Kerhezriou, dont les dépendances relèvent en partie des seigneuries de Guingamp et des Régaires de Tréguier 56».

  1. Les biens possédés par la seigneurie de Coëtloury57 :

    La seigneurie de Coëtloury possède des biens de plusieurs origines :
- ses biens propres,
- des biens acquis par achat mais surtout par alliances ou apportés par les épouses.

2.1 Seigneurie de Coëtloury58 :

    Manoirs, métairie, les deux moulins de Coatiloury IGN ou Coat-Eloury INSEE en Caouënnec, droits de prééminences dans l’église tréviale de Caouënnec.

    «Concession, en 1476, d’un droit de tombe dans l’église du treffe de Couhannec, par les procureurs de la fabrique, à Olivier le Treut, seigneur de Kerherlit (alias Kerlit dans la paroisse de Rospez)».

    « Donation par Jean Le Treut, à Hervé de Coathéloury, de deux tombes près du marchepied du grand autel (de l’église tréviale) en 1515 ».

    « Autorisation accordée par Jean de Quoictheloury, sr de Quoictheloury, de pratiquer une ouverture dans sa chapelle prohibitive pour donner du jour à l’église tréviale en 1565».

    « Transaction sur procès entre Jean de Lannyon, châtelain des Aubrais, et Claude de Coateloury, sieur dudit lieu, par laquelle ce dernier reconnait que le droit de patronage dans l’église de Cauhennec appartient sans contredit au seigneur des Aubrais (alias des Aubrays paroisse de La Chevrollière)». Ce châtelain surnommé Lézobré59 60est gouverneur de Lannion de 1625 à 1639, capitaine des ban et arrière ban et garde côtes de Tréguier.

    Claude de Coitloury fait bâtir une chapelle prohibitive en 1672 dans l’église tréviale61.

    « Echange de convenants situés dans la paroisse de Quemper-Guézennec et dans la trève de Caouënnec, entre Claude de Coitteloury, seigneur de Coitteloury et de Kermarquer, et François-Jascob sieur de Keréven (1640)62».

    « Vente de la métairie noble de Kerhisdriou (alias Kerezriou ou Kerhezriou, probablement le Kerriou IGN ou Keriou INSEE) à Claude de Coitéloury, époux de Marie de Lanloup, par Françoise de Rosmar, dame de Coatléven (en Trégrom), pour la somme de 4,600 (probablement 4600) livres tournois (1649)63».

    «Déclaration, contrats de vente et procédure concernant les convenants Pouliquen ou Botcazou, Kermen (alias Kermin), Colven-Izellanf (alias Golven en Caouënnec), L’Olifant (alias L’Olifontaine), et Buzic-Pouliquen , dans la paroisse de Cavan et dans la trève de Caouënnec ; le lieu noble de Prat-an-Roux , dans la paroisse de Penvenan ».

2.2 Seigneurie de Landébédan et du Quéllenec en Penvenan64 :

    Ces biens sont probablement un apport de la famille Goasgueller :

    « Paroisse de Penvenan : aveu… le lieu noble et la métairie de Pratanroux possédés par Louis Le Goasquellec, seigneur de Landeban en 1541, Rolland de Coateloury en 1618, Claude de Coateloury en 1638, Yves de Coëtloury en 168165»

    « Entre 1679 et 1682, Yves de Coëtloury, écuyer, est « épinglé » par les Commissaires députés par la Chambre des Comptes pour vérifier les titres et les prétentions des propriétaires, pour la métairie de Pratanroux, laquelle a été déclarée roturière, et le propriétaire condamné à 150 livres d'amande, pour usurpation envers la fabrique de Penvenan, et à 150 livres au profit du dénonciateur66 ».

    « Mouvance du domaine royal de Lannion : minu fourni en 1722, par Joseph-Marie Raison du Cleuziou, tuteur de Marie-Yvonne de Coatloury, pour les convenants Pratenroux et Lannoarzol, dans la paroisse de Penvenan67».

    « Chefrentier du fief de Landébédan et de la prévoté du Quellennec dans la paroisse de Penvenan ; en 1772, ventes de bois sur les terres des convenant Landébédan, Prat-an(Roux et Pouldocou , en 1786, congément du convenant Prat-an-Lan dans la paroisse de Camlès68 ».

2.3 Le domaine de Kerallic :

    Le domaine de Kerallic (alias Kerally69) en Minihy-Tréguier, qui a appartenu à la famille Hélias70, est un apport de la famille Larmor :

    Renée de Larmor, lors de son mariage avec Roland de Coëtloury le 4 février 1587, reçoit en héritage le lieu noble de Querallic et autres héritages assis dans les paroisses de Ploelantréguier et de Langoat71.

    Roland de Coëtloury est cité dans un accord du 30 juin 1604, sr de Coetlouri et de Landebedan avec ses soeurs Catherine et Aliette au manoir de Keraflic (dite Kerlazric dans un acte de 1559 où cette maison et métairie noble provient de la famille Ruffault) dans la     paroisse de Ploelantréguier72 .

    En 1632, Françoise de Coëtloury, fille ainée de Roland de Coëtloury et de Renée de Larmor sa veuve, est dite dame de Kerallic73 ».

    « Assignation à Marie-Ursule de Coëthéloury, fille unique et héritière de Saturnin de Coëthéloury, de comparaitre devant la justice du Verger-Lézérec pour s'entendre condamner à payer les chefrentes dues à cette seigneurie pour le lieu de Kerallic, situé dans la paroisse du Minihy-Ploulantréguier en 1705.74 ».

2.4 Seigneurie de Kermarquer :

    La seigneurie de Kermarquer en Caouënnec appartient à Renée de Larmor en 1614, elle l’apporte aux Coëtloury car alors mariée à Roland de Coëtloury75.

    « Transaction sur partage, du 12 mars 1614, par laquelle Pierre de Larmor, sieur de Kerivallan (alias Kerivoalan en Servel), cède à sa sœur, Renée de Larmor, épouse de Rolland de Coitéloury, « le lieu et manoir de Kermarquer, sittué en la treuffve de Cauhennec, avecques le colombier, fieff, jurisdiction, préminences d’église, convenantz et terres en entier76».

    Kermarquer est un domaine de Roland de Coëtloury avant 163277.

    En 1640 Claude de Coëtloury est dit seigneur de Coetlouri, de Kermarquer et de Keralic et sa sœur Jeanne est dite dame de Kermarquer78;

2.5 Seigneurie de Runaudren :

    La seigneurie de Runaudren est à Claude de Coëtloury en 1673. Ce bien appartenait aux Rosmar en 158379.

    En 1684, Yves de Coëtloury est sgr de Coëtloury, de Kermarquer, de Landededan et de Rumaudren80.

    Les biens de la seigneurie de Coëtloury provenant de la seigneurie de Runaudren sont : le manoir de Runaudren en Caouënnec, la chapelle Saint-Laurent en Cavan, le lieu de Kerleau (alias Kerléo IGN ou Kerleo INSEE), les convenants Roudoumen (probablement le Roudevine actuel), Crechguen, Kerjézéquel.81

2.6 Etat global des biens :

    « Mouvance du duché de Penthièvre, au membre de Guingamp : aveu fourni en 1695, par Yves de Coitloury, seigneur du dit lieu, mentionnant la terre de Runaudren, située dans la trève de Caouënnec (paroisse de Cavan), avec :

  • des prééminences dans l’église tréviale et « un escusson en bosse dans la muraille du sepmettière, en l’endroit de la barrière, vers le septantrion, à main droitte de l’entrée, armoyé, en escusson d’alliance, d’une molette et demye d’espron, et un demye cheffron et vères sans nombre ;

  • la métairie de Kerleau (alias Kerléo)82 ;

  • le convenant Le Gac, chargé de six boisseaux de froment dus à la chapellenie de Runaudren ;

  • la chapelle Saint-Laurent83 et les caves situés auprès ;

  • le bois de Coat-an-Quélennec ;

  • le fief de Kermarquer ;

  • la juridiction basse et moyenne de Kermarquer et de Runaudren « de l’exercice de laquelle le dit seigneur avouant déclare se départir, se réservant les droits utiles et seigneuriaux » ;

  • les prééminences d’église du manoir de Coitloury, comprenant entre autres une chapelle prohibitive « que le père de l’advouant auroit faict rebatir en l’an mil six cents soixante douze et y raposer les escussons de ses armes tant dans les vitres qu’u-dedans et dehors, la dite chapelle estante hors du chœur du coté de lespitre (épitre donc du coté droit du maitre autel en montant de la nef vers le choeur), entre la sacristie et le porchet »; un escabeau et deux tombes dépendant de la métairie noble de Kerezriou, le tout dans l’église de Caouënnec ;

  • les dits fiefs de Kermarquer et de Runaudren s’étendant en outre dans les paroisse de Cavan, Prat et Pommerit-Jaudy84».


    En 1692, un acte (40 pages in folio, probablement celui résumé ci-dessus), à la cour ducale de Guingamp duché de Penthièvre, énumère les biens de Yves de Coëtloury ; la liste commence par Runodren et contient 53 champs (Parc…), 8 Loguel, 4 prairies (Prat…), le manoir de Runaudren, ses droits dans l’église tréviale de Cauhennecq, la métairie de Gleau (alias Kerleau ou Kerléo), le moulin de Runaudren, 14 convenants (Le Gac, Monbré,…), la chapelle de Runodren, Kerjézéquel dans la frairie du Quellenecq en Cavan, le manoir de Guerarquer (alias Kermarquer), le manoir de Coitloury, ses métairies nobles et ses prééminences dans l’église tréviale 85.

    Dans le domaine de la seigneurie du Pré sont inclus :

    Les lieux nobles de Coëtloury, de Kerechriou, Kerisdriou, de Kerloscant, de Kermarquer ; les convenants Alain Le Carpont (Carpont IGN et INSEE), Le Houérou, Crech-an-Yar (Crech-Yard INSEE), Catherine Laveant, Le Colven (Golven INSEE, IGN), Poularel (Poularen INSEE), le placitre du bourg trévial de Caouënnec et la pièce de terre dite Parc-an-Sant, dans la trève de Caouënnec, paroisse de Cavan 86».

    Un acte de 1777 énumère les biens du Marquis de Rosily : maison de Coëtloury, moulin de Coëtloury, grande et petite métairie de Coëtloury, moulin de Runaudren, lieu noble de Kermarquer, lieu noble de Keralliou (alias Keraliou en Cavan), de Runaudren, 16 convenants et des champs, lieu noble de Kerleau et chapelle Saint-Laurent87.

    « Entre 1777 et 1790, Rentier commun aux seigneuries de Coatloury, de Kermarquer , de Landébédan, de Runaudren et du Quellénec, mentionnant en outre les lieux nobles de Keralliou, de Kerleau, de Kermen (alias Kermin en Cavan), de La Villeneuve (alias Kernevez), de Coatrannou et de Mesdouarec, et un grand nombre de convenants dans les paroisses de Cavan, de Rospez, de Lanvézéac, de Lanmérin, de Camlez, de Langoat, de Pommeit-Jaudy, de Buhulien, de Penvenan, du Minihy-Ploulantréguier et de Quemperven88 ».

    Entre 1778 et 1790, Partie des biens sont toujours sous la seigneurie de Guingamp : « Seigneurie de Kermarquer et de Runaudren – Chefrentier de Kermarquer, dans les paroisses de Cavan, de Caouënnec (trève), de Prat , de Lanvézéac et de Buhulien, sous la seigneurie de Guingamp, chefrentier de Runaudren, dans la paroisse de Cavan, sous la même seigneurie 89».

 

  1. Coëtloury au XIXe siècle :

    Le Cadastre napoléonien90 montre l’étendue de Coat Loury avec Coatloury Bras, où se trouvait le manoir, au nord-est Coat Loury Bihan , au nord les deux moulins de Coatloury , chacun possédant son étang et le dernier moulin étant proche du Guindy.

    B. Jollivet, dont les descriptions sont souvent erronées, écrit en 1859 dans Caouënnec: « Ses maisons nobles étaient Coatloury, château avec chapelle, sur les débris duquel passe aujourd’hui la charrue91 ». Ceci est faux puisque le manoir existait encore avec sa tourelle en 1956.

    La chapelle privée du manoir de Coëtloury, dédiée à saint Saturnin, existait encore, puisque R.Couffon la dit : « Détruite au XXe siècle ; elle renfermait des reliques de saint Saturnin actuellement conservées dans l’église paroissiale92 ».

    Le Chevalier de Fréminville écrit en 183793 qu’il quitte en 1815 le château de Tonquédec pour se rendre à Tréguier et poursuit : « Le hameau de Coënec que je traversai ne m’offrit aucun objet digne de remarque. Dans celui de Coat-Loury, où j’arrivai peu après, je trouvai un de ces anciens manoirs, consistant en un simple corps-de-logis, flanqué d’une tourelle, si communs dans toute La Bretagne. Habitations modestes mais nobles, du pauvre archer en brigandine, du simple hallebardier, qui plus riches d’honneur que d’argent, cultivaient souvent jadis de leurs propres mains, le champ qui les nourrissait, mais qui au premier signal, au premier appel du suzerain, fourbissaient leur salade enfumée, leur épée couverte de rouille, garnissaient leur trousse de vingt flèches acérées, mettaient une corde neuve à leur arc, et se rendait bien en point au lieu où le banneret devait les passer en revue, pour y faires monstre, et faire voir qu’à tous les instants ils étaient toujours prêts à combattre pour le roi et pour la patrie ».

    A noter que le plus court chemin pour aller du château de Tonquédec à Tréguier passe effectivement par Caouënnec, Lanvézéac, Quemeperven, et Langoat.

    Lorsque l’église paroissiale est reconstruite en 1865, malgré l’abolition de la noblesse, les armes de Coëtloury sont sculptées, coté extérieur, au dessus de la fenêtre de la chambre du suisse94 .

  1. Coëtloury au XXe siècle :

    Les reliques et une statue de Saint-Saturnin sont toujours dans l’église paroissiale.

    Vers 1956, le manoir de Coëtloury possédait encore un escalier en pierres en colimaçon dans une tourelle coté nord en face de la porte d’entrée principale. L’entrée du domaine, encadrée de piliers était au sud de la maison principale, même si l’entrée la plus utilisée se trouvait plus à l’ouest95. La maison principale de Coatiloury-Braz IGN (près de Monbré) ou Coat Eloury INSEE occupe toujours en 2011 l’emplacement du manoir, mais a été considérablement remaniée par le propriétaire entre le départ de la famille Le Saint et l’arrivée de la famille Le Gall, locataires et exploitants agricoles des lieux.

    Coatiloury Bihan IGN, probablement l’ancienne métairie, était une exploitation agricole tenue par Louis Marjou96 puis la famille d’Alexandre Bozec.

    Le premier moulin Coëtloury près de Keranfeuillen-Bihan IGN ou Kerfeuillen INSEE était exploité par la famille de François Pichon (l’étang était en amont du coté sud de la route et le moulin plus bas du coté nord la route);

    Le second moulin Coëtloury, plus bas, précédé d’un petit étang, vers le Guindy, sous la maison de la famille d’André Garnier, était devenu un teillage de lin où la famille d’Yves Le Parc démonta un hangar pour le réinstaller dans leur ferme du bourg vers 1954.

    Le panneau routier de la route de Caouënnec à Rospez qui donne la direction des ces lieux devrait comporter « Moulins de Coëtloury » et non pas Coëtloury ; l’appellation du lieu « Coatiloury-Bras » sur la carte IGN est erronée (ce nom est à réserver à l’emplacement du manoir, route de Lanvézéac).

    Pour aller plus loin dans la description, il faudrait analyser les noms des parcelles à l’époque dans les matrices cadastrales, pour rechercher celles qui évoquent chapelle, colombier, four qui sont les attributs de toute seigneurie importante et retourner aux Archives Départementales des Côtes d’Armor décrypter tous les détails des actes de cette seigneurie.

Annexe :

    Pour plus d'information sur le patronyme "de Coëtloury", ou sur le domaine "de Coëtloury",  vous pouvez aller sur le site de la noblesse bretonne : http://vps199509.ovh.net:2317/histoirebretonne

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Notes : 

1 IGN 0715 Est

2 INSEE « Nomenclature des écarts, hameaux et lieux-dits » 1982

3 AD22 E2168

4 AD22 E2167

5 AD44 B2375

6 AD22 E2162

7 AD44 B1642

8 Guy Le Borgne « Armorial Breton », 1667

9 AD22 E2168

10 Potier de Courcy « Nobiliaire et Armorial de Bretagne » 1846

11 AD44 B1668

12 Potier de Courcy « Nobiliaire et Armorial de Bretagne » 1846

13 AD44 B1642

14 Cabinet Hozier 1714

15 AD22 E2567 et E2562

16 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002 : ne l’a pas recensée

17 AD22 E2162

18 Manuscrit de Keroulas (transcription de Rémy Le Martret)

19 Potier de Courcy « Nobiliaire et Armorial de Bretagne » 1846

20 H.Torchet « Réformation des Fouages évêché de Tréguier 1426 » 2003

21 Manuscrit de Keroulas (transcription de Rémy Le Martret)

22 Cabinet Hozier 1714

23 Montres de l’évêché de Tréguier en 1481 par Pol Potier de Courcy

24 M.Nassiet « Dictionnaire des feudataires de l’évêché de Tréguier en 1481 », SocECdA , tCXXVII, 1998

25 Cabinet Hozier 1714

26 M.Nassiet « Dictionnaire des feudataires de l’évêché de Tréguier en 1481 », SocECdA , tCXXVII, 1998

27 Cabinet Hozier 1714

28 Cabinet Hozier 1714

29 Cabinet Hozier 1714

30 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p147

31 Cabinet Hozier 1714

32 AD44 B2375

33 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p147

34 AD44 B1642

35 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p223

36 Cabinet Hozier 1714

37 Cabinet Hozier 1714

38 AD22 E2162

39 AD44 B2375

40 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p147 et 223

41 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p147 et 223

42 AD22 E1188

43 AD22 E2162

44 BMS Perros, MS Caouënnec inexistant pour cette année

45 BMS Perros-Guirec

46 BMS Lanvézéac

47 F.M.Henry « Dom Maudez-René Le Cozannet » 1924 p169 puis 191 et 192

48 Cabinet Hozier 1714

49 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p147

50 FM.Luzel « Gwerziou », réédition de 1971, t2, p110 à 113 « Le comte de Coat-Loury et le Seigneur de Porz-lann » et Daniel Giraudon qui a identifié les protagonistes dans « Drame sanglant au pardon de Saint-Gildas à Tonquédec en 1707, Gwerz ar c'homt a Goat-Louri hag an otro Porz-Lann », Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, tome 114, n°1, 2007 pp.57-88

51 Curieusement l’année 1704 manque dans les registres paroissiaux de Caouënnec aux AD22 et dans les procès des Archives de l’Amirauté aux AD29.

52 Daniel Giraudon qui a identifié les protagonistes dans « Drame sanglant au pardon de Saint-Gildas à Tonquédec en 1707, Gwerz ar c'homt a Goat-Louri hag an otro Porz-Lann », Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, tome 114, n°1, 2007 pp.57-88

53 Pierre Le Buhan « Crimes et chatiments dans les Côtes d’Armor (1569-1787) », tome 2 pages 32 à 39

54 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p223

55 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p147

56 AD22 E2162

57 J.Lamare « Inventaire –Sommaire des archives départementale des Côtes du Nord antérieures à 1790 »

58 AD22 E2167

59 FM Luzel « Gwerziou », 1868-1890, réédition de 1971, pages 286 à 306

60 Louis Le Guennec (t1, t4 et surtout t5 p110 à 115)

61 AD22 E2162

62 AD22 E2162

63 AD22 E2162

64 AD22 E2168

65 AD44 B1642

66 AD44 B1668

67 AD22 E2162

68 AD22 E2168

69 Potier de Courcy « Nobiliaire et Armorial de Bretagne » 1846 dans famille Coëthéloury

70 Potier de Courcy « Nobiliaire et Armorial de Bretagne » 1846

71 Cabinet Hozier 1714

72 Cabinet Hozier 1714

73 Cabinet Hozier 1714

74 AD22 E2168

75 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002 , p147

76 AD22 E2162

77 Cabinet Hozier 1714

78 Cabinet Hozier 1714

79 Y.Botrel “Les Justices seigneuriales de l’évêché de Tréguier » 2002, p223

80 Cabinet Hozier 1714

81 AD22 E2166 et E2164

82 Qualifiée de métairie noble dans AD22 E967 tenu par Jean Nicol et Louise Pasquiou entre 1668 et 1690 et de lieu noble dans AD22 E969 tenu par François Le Moal et Yvonne Nicol avant 1748.

83 Située à Kerbiquet en Cavan

84 AD22 E2162

85 AD22 E2162

86 AD22 E1517

87 AD22 E2163

88 AD22 E2163

89 AD22 E2164

90 Cadastre de 1826

91 B.Jollivet « Côtes du Nord_ Arrondissement de Lannion et de Loudéac », vol IV, 1859, réédition de 1990, page 44

92 R.Couffon « Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier », SocECdN, tLXX, 1938, p72

93 Le Chevalier de Fréminville « Antiquités de La Bretagne », 1837, pages 48 et 49

94 Point relevé par Daniel Giraudon.

95 L’auteur de ce texte, encore enfant, allait tous les matins y acheter du lait pour sa famille.

96 E.Le Barzic « Buhez ha faltzi _ O Vemori » 1977, pages 51 « eur wech an amzer, ma eontr Loeiz Marjou, menajer e koatilouri-Vihan, a zeue ganim gand e charban » ; Louis Marjou est le grand père du rédacteur de ce document.

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